DES BRETONS AUX ANTILLES

DES BRETONS AUX ANTILLES
DES BRETONS AUX ANTILLES...

 || CECI EST MON TESTAMENT || La bêtise humaine ne connaît pas de limite. Les mots qui me viennent à l'esprit sont : irrespect et mépris à l'égard des auteurs, atteinte à la paix des morts et tant d'autres. Mais tout est dit dans ce texte sans faille de Sonja Delzongle :


"NON, NON ET NON à la dictature d’une minorité ! 

NON à 1984 dans notre quotidien ! 

NON à ce terrorisme, à ce révisionnisme littéraires et artistiques qui gagnent l’Europe et la France, terre des Lumières, de Molière, de Sand, de Hugo et de tant d’autres grandes et grands ! 

NON à cette mutilation arbitraire des plus beaux romans ! 

NON à ce déboulonnage injustifié des plus belles œuvres ! 

NON à ce lissage et à ce po-lissage contagieux ! 

NON à l’uniformisation de la pensée et à l’appauvrissement qui en découle ! 

NON à ce viol collectif des créations artistiques et littéraires par de petits esprits ! 

NON à cette ingérence ! NON à cette indigence ! 

NON à ces idéologies dangereuses pour la santé de la culture ! 

NON à l’inculture qui en est à l’origine ! 

NON à la bêtise décomplexée qui s’installe dans notre littérature et notre société et qui gangrène son âme ! 

NON à ce totalitarisme intellectuel et au nettoyage de la pensée et du vocabulaire au nom d’une pureté discriminatoire ! Et comme le dit si bien Nauleau : « La littérature, c’est l’impureté ». J’ajouterais même que la littérature c’est aussi de l’irrévérence à laquelle elle doit sa liberté et sa richesse. 

Eh quoi après ? Quelle sera la prochaine étape ? Brûler les livres qui échappent à la bien-pensance ? Mettre leurs auteurs (encore vivants et nombreux) sur le bûcher de la censure ? Détruire Voltaire ? Réécrire tout Céline ? Tout Frédéric Dard ? Faire taire Wagner ? 

Sans parler des chefs d’œuvre du cinéma…

On a peur des mots, des émotions, les mots gênent, effaçons-les, effaçons notre mémoire et notre identité ! La chasse aux sorcières est rouverte ! 

NON, ne laissons pas une minorité régir nos œuvres et décider de nos mots ! 

Réécrire le passé c’est tuer le présent et mépriser l’avenir. 

Contre cette tyrannie, je me battrai coeur et âme, ma plume dût-elle me servir d’épée. 

Et j’espère que contre tout ça nous serons une armée."


Un livre ou n'importe quelle œuvre artistique est une photographie de la société à un temps T. Ce révisionnisme littéraire est une forme de négationnisme et le négationnisme est sévèrement puni par la loi pénale. Aussi - et Dieu sait que je ne suis pas pour la prolifération des textes légaux - je propose à nos parlementaires fédéraux que la Suisse fasse œuvre de pionnière dans ce domaine et insère dans son code pénal le texte suivant :


"Celui qui, intentionnellement, modifiera une oeuvre littéraire, picturale, cinématographique ou de tout autre nature artistique, dans un but commercial, notamment dans le dessein de l'adapter aux tolérances évolutives de la société, sera puni d’une peine privative de liberté de trois ans au plus ou d’une peine pécuniaire."


À n'en pas douter, cette proposition n'a que peu de chance d'aboutir, nos dirigeants ayant certainement d'autres sujets jugés plus brûlants à traiter. Il n'empêche que cette tendance révisionniste et les pressions inadmissibles qu'elle exerce sur les éditeurs doivent être immédiatement stoppées. Aussi, si un jour mes textes devaient être confrontés à ce genre d'ineptie intellectuelle, je demande expressément à mes héritiers de s'y opposer fermement. Ceci est mon testament. 


https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/roman/agatha-christie-en-francais-des-passages-juges-offensants-vont-etre-revises_5776298.html

BLANCHE GARDIN À JEFF BEZOS

 Très très cher Monsieur Bezos,

Je suis au regret de devoir refuser votre invitation à participer à la prochaine saison du jeu « LOL: Qui rit sort ! » diffusé sur votre plateforme d’Amazon. J’ai bien compris qu’il ne s’agissait que d’une seule journée de tournage, seulement voilà, ce jour-là, j’ai dentiste. Et, en tant que troisième fortune mondiale, vous le savez, il faut de bonnes dents bien longues pour réussir dans ce monde.

Il se trouve aussi que je serais gênée aux entournures (pour ne pas dire que ça me ferait carrément mal au cul) d’être payée 200 000 euros pour une journée de travail même si je perds à votre jeu, quand l’association caritative de mon choix remporterait, elle, 50 000 euros, c’est-à-dire 4 fois moins, et encore, seulement si je gagne.

Oui, ça me gêne de toucher, pour 8 heures de travail, cette somme affolante de la part d’une entreprise qui :

– Ne paye pas ses impôts en France et bénéficie même d’1 milliard d’euros de crédit d’impôts alors qu’elle fait 50 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

– Qui émet 55,8 millions de tonnes de gaz à effet de serre par an (soit l’équivalent des émissions du Portugal) seulement avec ses data centers, sans parler des milliers de camions, d’avions…

– Qui utilise la main-d’œuvre des camps de concentration ouïghours.

– Qui détruit les emplois du petit commerce et toute la vie sociale qui va avec.

– Que les emplois qu’elle crée en en détruisant d’autres sont des emplois éreintant dans des entrepôts déshumanisés, où on traite les employés comme des robots qu’on essore en leur mettant une pression folle avec des cadences infernales et qu’on empêche de se syndiquer…

Tout ça pour quoi ? Pour qu’on puisse commander des couches pas chères depuis notre canapé en se grattant les couilles. Oui, ça me gêne.

D’autre part, en tant qu’actrice et auteure de films, je caresse le rêve un peu fou que mes futurs projets puissent sortir dans une salle de cinéma. J’ai bien conscience que le niveau de dissonance cognitive est très élevé à notre époque, mais vous conviendrez que faire de la publicité pour votre plateforme (puisque c’est de cela qu’il s’agit je crois) reviendrait à me tirer une balle dans le pied. Je n’ai pas envie que dans dix ans plus personne n’aille au cinéma et qu’on soit tous en train de mater des séries sur le canap’ en se faisant livrer des burgers par des sans-papiers qui pédalent sous la pluie.

Si toutefois, me lisant, vous tombiez des nues, ou de l’espace (je connais pas votre emploi du temps ces jours-ci) en découvrant des choses dont vous n’étiez pas au courant et qui vous peinent, et que ça vous donne envie de repenser entièrement votre entreprise, alors peut-être que vous pourriez me réinviter ultérieurement. Et que je pourrais accepter. Lol.


Sur le fond, bien sûr que Blanche Gardin a raison. Sa parole a souvent été précieuse, entraînant de la nuance et du recul sur des sujets de société épineux (#MeToo, l’affaire Bastien Vivès…). Ici, son discours apparaît plus convenu. Ce n’est pas la version d’elle que l’on préfère.





Blanche Gardin s’en prend à Amazon Prime : oui, mais...

Dans un post Facebook, l’humoriste explique pourquoi elle refuse de participer à l’émission “LOL : qui rit, sort !” diffusée sur Prime Video, propriété d’Amazon. Une diatribe juste sur le fond mais qui a ses limites.

Dans un long post publié sur son compte Facebook, l’humoriste justifie son choix de ne pas participer à l’émission produite par la plateforme de Jeff Bezos.

Dans un long post publié sur son compte Facebook, l’humoriste justifie son choix de ne pas participer à l’émission produite par la plateforme de Jeff Bezos. Photo Jean-Francois Robert pour Télérama

Par Sébastien Mauge


«Très très cher Monsieur Bezos… » C’est par cette salutation ironique que l’humoriste Blanche Gardin commence sa diatribe anti-Amazon postée sur son compte Facebook jeudi 20 avril. À l’origine de cette prise de parole, une invitation à participer à la prochaine saison du programme phare de Prime Video, LOL : qui rit, sort !, animé par Philippe Lachaud et dont le principe est de réunir dans un lieu clos des personnalités qui doivent se faire rire pour s’éliminer. Le vainqueur permet à l’association de son choix de gagner 50 000 euros.

Dans son message au vitriol, Blanche Gardin décline cette invitation (« ce jour-là, j’ai dentiste ») en expliquant sa gêne de toucher une rétribution quatre fois supérieure à celle de l’association soutenue – elle avance le chiffre de 200 000 euros sans que l’on sache si cette offre lui a été faite directement ou si elle se fonde sur les révélations plus ou moins fiables qui ont circulé récemment. On conçoit aisément que ce constat, et le cynisme insupportable qu’il engendre, puisse être rédhibitoire. Mais, après tout, rien n’empêche Blanche Gardin de jouer les Robin des Bois en reversant l’argent d’Amazon à une association.

Une parole souvent précieuse

Car, plus que le concept de l’émission, c’est bien parce qu’elle est diffusée sur Prime Video, propriété d’Amazon, que Blanche Gardin ne souhaite pas y prendre part. Elle énumère ainsi les reproches, totalement justifiés, que tout un chacun peut émettre à l’encontre de l’entreprise de Jeff Bezos : pas d’impôts payés en France, manque d’écoresponsabilité, main-d’œuvre ouïghoure, destruction du petit commerce et travail déshumanisant. Pour l’actrice et scénariste, on ne peut séparer l’entreprise de ses productions audiovisuelles. Un discours audible mais qui a ses limites et pourrait même se retourner contre elle. Rappelons que sa série La Meilleure version de moi-même (encensée par Télérama) a été diffusée sur Canal+, propriété de Vincent Bolloré, dont la vision culturelle (notamment… sa relation aux comiques) et la stratégie financière font l’objet de nombreuses critiques.

La deuxième partie de son message vire à la caricature : de l’opposition stérile et éprouvée entre la salle de cinéma et les plateformes à une sorte de mépris pour le format sériel (« Je n’ai pas envie que dans dix ans plus personne n’aille au cinéma et qu’on soit tous en train de mater des séries sur le canap’ »). Notons que l’on peut « mater sur son canap’ » certains spectacles de l’humoriste sur Netflix…


Pour aller plus loin : Scandale : en secret, Emmanuel Macron décerne la légion d’honneur à… Jeff Bezos (Amazon)

Couleurs de l’incendie

 

Couleurs de l’incendie, pleins feux sur l’héritière

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En adaptant le roman de Pierre Lemaître, Clovis Cornillac réalise un quatrième film en forme de fresque romanesque. Sa mise en scène ample et soignée fait briller un casting de haute volée.

Couleurs de l’incendie débute par un double drame qui mêle à la fois une chute et un envol. Paris, 1929. Alors que Madeleine Péricourt (Léa Drucker, impériale) assiste aux funérailles de son père, son jeune fils s’élance soudain du balcon de la luxueuse demeure parisienne et s’écrase sur le cercueil de son grand-père. Devant un parterre d’invités nantis rassemblés dans la cour de cet hôtel particulier parisien, le terrifiant vol plané de cet Icare désespéré précipite le destin de l’héritière légitime de l’empire Péricourt.

Tant bien que mal, l’héroïne tente de reprendre le contrôle de son existence. Elle se repose naïvement sur tous ceux qui étaient proches de son bien-aimé paternel. Parmi eux se trouvent Gustave Joubert, le fondé de pouvoir de la banque Péricourt (Benoît Poelvoorde, redoutable de rouerie sournoise). Elle compte également sur le soutien de l’oncle Charles (Olivier Gourmet, confondant de veulerie) ou encore sur le jeune précepteur du petit Paul, le sémillant André Delcourt (Jérémy Lopez). Las! Les rouages machiavéliques d’une sordide conspiration visant à précipiter sa banqueroute et son déclassement se mettent rapidement en place… Très ancré dans la tradition du roman français, Pierre Lemaitre orchestre ici avec Clovis Cornillac l’adaptation de son propre ouvrage pour en tirer un scénario à l’atmosphère balzacienne. Situé entre 1927 et 1934 dans la France de l’entre-deux-guerres, cernée par la crise financière de 1929 et la montée du nazisme, le deuxième livre de la trilogie de Lemaitre permet de retrouver la famille Péricourt dix ans après les événements d’Au revoir là-haut (prix Goncourt adapté sur grand écran en 2017 par Albert Dupontel).

«Monte-Cristo au féminin»

Changement de réalisateur, autre brio. Clovis Cornillac, dont c’est le quatrième film, réussit son pari. Il s’empare des ressorts dramatiques de cette fresque romanesque où l’ambition démesurée le dispute à la convoitise ou aux trahisons vénales, pour en tirer un polar vengeur à la mise en scène ample et soignée. Le tout soutenu par une galerie de portraits contrastée, où même les personnages secondaires ne manquent pas d’épaisseur, à commencer par Fanny Ardant, qui brille de mille feux en cantatrice vieillissante avide de réussite et de reconnaissance.

Au cœur de cette implacable comédie humaine, le  romanesque est bien là. Léa Drucker incarne avec une conviction déterminée cette «Monte-Cristo au féminin» qui, après avoir perdu sa fortune et son innocence, se relève envers et contre tous, pour l’amour de son fils. Ni la banqueroute, la corruption, le viol ou les trahisons en série n’entameront sa soif de revanche. Celle-ci sera méthodique, savamment mûrie, planifiée et exécutée.

En cela, Clovis Cornillac (qui s’est offert un rôle clé dans cette intrigue vengeresse) signe une fresque riche et foisonnante, un film d’époque en costume, féministe avant la lettre, captivant de bout en bout. Bref, un vrai grand film populaire comme on les aime.