Rien n'était trop beau pour ce bateau pour lequel elle a pris le temps de faire son marché auprès des plus prestigieuses maisons, comme Porthault, Dior, Daum, Lalique, Lorenz Baumer, Saint Louis, Buccelatti, Christofle ou Cartier. L'art de vivre à bord tenait du très grand art.
Mouna Ayoub profite de la vente pour céder deux robes du soir à rayures style "marin" signées Jean-Paul Gaultier, dont un ensemble "Bateau lavoir", deux des pièces de sa collection haute couture qui compte mille robes. "Toutes mannequinées, cela prend une place folle". Car cette redoutable femme d'affaires, ex-épouse d'un Saoudien, entretient depuis l'enfance une passion pour la mode. Elle qui, adolescente, au Liban, taillait ses premières robes de soirée dans les rideaux maternels, est devenue une grande mécène de la haute couture qui préfère s'offrir des pièces uniques plutôt que d'accrocher au mur des oeuvres d'art.
Jogging
Aujourd'hui Mouna Ayoub vit entre deux ports d'attache, New York et Monaco. Mais pour rien au monde elle ne manquerait d'assister à Paris aux défilés. Car c'est là que cette collectionneuse avertie nourrit de saison en saison sa garde-robe. Et cette vente est justement destinée à financer ses prochains achats. "Je viens en effet de passer une grosse commande chez Chanel et chez Jean-Paul Gaultier, tant j'ai été enchantée de leurs défilés", reconnaît-elle.
Depuis qu'elle a vendu le
Phocéa, Mouna Ayoub a troqué l'esprit croisière contre un jogging quotidien d'une heure et demie dont elle ne peut plus se passer. "Résultat, je suis passée de la taille 40 à 36 !" Alors, à moins de faire retailler par les maisons de couture toutes les tenues dans lesquelles elle flotte ("cela reviendrait à une fortune"), elle se séparera d'une grande partie d'entre elles en novembre, lors d'une autre vente, de prêt-à-porter celle là, ainsi que des chaussures et chapeaux assortis...puisque, en général, quand un ensemble lui plaît, cette perfectionniste achète le tout. Et en hommage à ces créateurs et petites mains d'atelier dont elle admire le travail depuis des années, elle chérit le rêve de leur consacrer un livre digne de leur talent et de sa collection.
"Un petit dîner très sympa" avec Juan Carlos
On croyait Mouna Ayoub noctambule. Elle avoue ne jamais avoir aimé sortir le soir, et se montrer très stricte sur son mode de vie et ses horaires : journal télévisé à 20 heures puis visionnage de trois ou quatre films à la queue leu leu. Le fil de ses souvenirs peut lui aussi se dérouler des heures. C'est d'ailleurs grâce au
Phocéa qu'elle aurait dansé pour la première fois de sa vie jusqu'à 6 heures du matin. Elle avait 50 ans, c'était à Cuba, lors d'une soirée officielle donnée au profit d'un hôpital pour enfants : elle y a appris à danser le merengue et la salsa, "un souvenir sublime", elle y a passé la nuit. Elle se souvient aussi comment, invitée d'honneur à la table de Fidel Castro, elle a dû se sauver en coulisses pour aider une centaine de ravissantes mannequins cubaines à enfiler ses robes avant de défiler devant le Líder máximo. Encore un détail ? "La quille du
Phocéa mesurant 6,5 mètres, il ne pouvait entrer dans le port de La Havane, nous avons dû accoster au port militaire", précise-t-elle.
Une autre anecdote liée au
Phocéa refait surface. Telle cette régate dans les eaux de Sardaigne, à laquelle participait Juan Carlos, pour lequel Mouna Ayoub improvisa "un petit dîner très sympa" sans prévenir ses amis, mais faisant quand même sortir son "service royal". Voyant le roi d'Espagne monter lestement à bord, l'une de ses grandes amies, Nicky, d'ordinaire intarissable sur elle-même, en est restée muette de stupeur toute la soirée. Mouna Ayoub en rit encore. De ses anecdotes du
Phocéa, Mouna Ayoub aurait largement de quoi alimenter un autre livre.