DES BRETONS AUX ANTILLES

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PLEIN SOLEIL



Trois raisons de (re)voir “Plein Soleil”

Cinéma | C'est dans “Plein Soleil” que René Clément a inventé Delon. La version restaurée du film est  ressorti en salles le mercredi 10 juillet, et si on allait le (re)voir ?

    

 Alain Delon dans  Plein Soleil . © DR
Alain Delon dans Plein Soleil. © DR

Il est sorti en salles une version restaurée de Plein Soleil, de René Clément. Voici trois raisons de voir ou de revoir ce film qui a notamment donné naissance à un monstre du cinéma, Alain Delon.

Ripley au top

Patricia Highsmith n'a pas vécu assez longtemps pour voir Matt Damon incarner son héros ambigu, Tom Ripley, dans le film qu'Anthony Minghella a tiré de son roman, Le Talentueux Monsieur Ripley, en 1998. Mais elle avouait volontiers un faible prononcé pour l'adaptation réalisée en 1960 par René Clément, Full Sun, Blazing Sun ou Purple Noon en anglais, Plein Soleil pour la version originale. Pour la romancière, Alain Delon incarnait à la perfection l'élégant et troublant usurpateur de son livre et le réalisateur de Jeux interdits et de Monsieur Ripois signait la meilleur mise en scène d'une de ses œuvres, coiffant même haut la main Hitchcock et sa version de L'Inconnu du Nord-Express.
Parmi les étiquettes mal ajustées qui collèrent à la carrière de René Clément, il y a d'ailleurs celle d'« Hitchcock français », maître du thriller et de la stylisation à qui Hollywood faisait les yeux doux. Quand Martin Scorsese a orchestré la restauration et la redécouverte de Plein Soleil aux Etats-Unis en 1996, la critique s'est emballée pour la noirceur et l'ambiguïté d'une mise en scène « que n'aurait pas renié Hitchcok », relevant un goût pour la perversion qui met le spectateur au défi de ne pas s'attendrir pour le beau Delon, « placide psychopathe ».
« Un chef-d'œuvre de thriller psychologique, du genre à donner la chair de poule », écrivait le Washington Post. Les Américains s'entendaient cependant sur un point : ils regrettaient que René Clément n'ait pas eu l'aplomb de suivre Patricia Highsmith jusqu'au bout de son ambivalence morale et qu'il se soit permis d'inventer un épilogue à sa manière.



Alain Delon, dans le rôle de Mr Ripley. © DR
Alain Delon, dans le rôle de Mr Ripley. © DR

La naissance d’Alain Delon, monstre de cinéma

C'est René Clément qui a inventé Delon. L'acteur est formel sur ce point. La beauté qui irradie l'écran de Plein Soleil, les yeux clairs, la peau satinée, l'élégance désinvolte n'avaient pas d'existence reconnue avant ce film. « Les gens pensent souvent que j'ai joué dans Rocco et ses frères avant de tourner Plein Soleil. Faux ! C'est justement parce Visconti avait vu Plein Soleil qu'il m'a choisi pour le rôle de Rocco. »
Pour Delon qui n'avait que 25 ans à l'époque du tournage, René Clément, avec qui il tournera quatre films, est comme un père, un « maître absolu », celui qui lui a tout appris, avant Melville, Visconti ou Losey. « Il était à la fois le plus grand cadreur et le plus grand directeur d'acteurs que j'aie jamais connu, confia Delon à Denitza Bancheva. Je le comparais à Karajan, il dirigeait comme un vrai chef d'orchestre, avec toutes les nuances de moderato, piano, presto… Il adorait me faire bouger dans un décor. Il m'y faisait entrer et il disait : “Va où tu veux, bouge comme tu veux, sens les choses comme tu veux, mais je veux que tu occupes ton décor, que tu le remplisses…”
Dans Plein Soleil, Delon ne s'en prive pas, bougeant comme un félin sous le ciel italien, dans l'espace confiné et chancelant du bateau où se joue la tragédie. René Clément l'a inventé, mais l'acteur n'y est pas pour rien. Non sans fierté, Delon raconte qu'il n'avait pas été convoqué pour le premier rôle, mais qu'il l'a demandé lui-même face à « Monsieur » Clément, hérissant le poil des producteurs. « Il y a eu un silence, raconte Delon. Et dans ce silence, on a entendu Bella, la compagne du cinéaste, dire depuis l'autre bout du salon : “Rrrené chéri, le pétit a rraison !” C'était gagné. J'allais jouer Ripley. Jamais de ma vie, je n'oublierai cela. »
Maurice Ronet et Marie Laforêt dans Plein Soleil de Re
Maurice Ronet et Marie Laforêt dans Plein Soleil de René Clément, 1960. © DR

Un classique moderne

En 1960, René Clément divise sérieusement. Après La Bataille du rail, primé lors du premier Festival de Cannes et Jeux interdits, récompensé d'un Oscar, il a acquis une réputation de novateur, de « Rossellini français » qui n'empêche pas la génération de la nouvelle vague de le rejetter du côté des classiques et du cinéma poussiéreux qu'il faudrait déserter. Les audaces de Monsieur Ripois, tourné à la sauvette (en 1953) dans les rues de Londres, sont oubliées.
« René Clément doit être fatigué de lire à son sujet toujours la même antienne, écrit Gilles Jacob. Technicien, pas d'âme, trop parfait… » Le cinéaste fait mine de s'en moquer : « La véritable avant-garde s'ignore, dit-il, ça n'est jamais celle des manifestes. »Pour lui, un cinéaste se doit d’être un « explorateur », et il ne voit pas d’antinomie entre lui et ses jeunes confrères de la nouvelle vague. Sur Plein Soleil, il fait appel au scénariste de Chabrol, Paul Guegauff, et à son chef opérateur, Henri Decaë qui est aussi celui des Quatre Cents Coups. Celui-ci est impressionné par la rigueur et la témérité du cinéaste qui embarque tout son monde pour des scènes en pleine mer où il fait la part belle à l’improvisation.
Ce n’est rien de le dire pour la séquence qui suit l’assassinat de Philippe. La mer se déchaîne ? Clément décide d’en profiter : à toute vitesse, il descend du voilier, saute sur une chaloupe avec son chef opérateur Henri Decaë et laisse Alain Delon se débrouiller seul à la barre ! Il le filme de loin, luttant pour de vrai, et avec rage, contre les éléments. Voilà comment on boucle en quelques minutes une scène qui devait nécessiter une semaine de tournage, et que l’on en fait un sommet de tension !

Sortie en DVD et Blu-ray Studio Canal.
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Personnalités
Le Talentueux Mr Ripley
Affiche Le Talentueux Mr Ripley

Notes et critiques

Synopsis

Tom Ripley n'a jamais eu la belle vie. Ce n'est pas le cas de Dickie Greenleaf et de sa compagne Marge qui vivent de façon insouciante sur la Riviera italienne. Quand le père de Dickie demande à Tom de lui ramener au bercail son fils dépensier et frivole, le jeune homme y voit une possibilité d'entrer dans un monde qui l'a toujours fait rêver.

Bandes-annonces et photos de Le Talentueux Mr Ripley



Mis à jour le 30/07/13 16:47

Beaux ... mais dangereux, ces acteurs sexy qui ont joué les méchants Matt Damon : Tom Ripley dans "Le Talentueux M. Ripley"




matt damon dans 'le talentueux m. ripley'
Matt Damon dans "Le Talentueux M. Ripley" © Bac Films
Beau... :
Matt Damon, c'est le gendre idéal. Celui qui porte le sac des jeunes filles au retour des courses (photo), se révèle fidèle à ses amis (Will Hunting) et à sa patrie (Il faut sauver le soldat Ryan).

...mais dangereux : Tom Ripley dans Le Talentueux M. Ripley.
Derrière son petit air innocent se cache pourtant un jeune homme qui ira jusqu'au meurtre pour continuer à mener la dolce vita dans ce remake de Plein Soleil. Et l'acteur ne démérite pas dans cette reprise du rôle tenu dans la version originale par Alain Delon.

Le talentueux Mr Ripley

Un film d'Anthony Minghella


Le jeu du chat et de la souris

zoom

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Avec ce thriller chic extrêmement bien ficelé, Anthony Minghella a prouvé qu’il maîtrisait les règles du jeu du genre. Il manipule les clichés, tord et re-tord son intrigue et brouille les pistes : qui est le chat, qui est la souris ? La police, Dickie Greenleaf, Tom Ripley ou son amant ? La réponse n’est pas si évidente. Tout le monde perd au jeu : la vie parfois, l’âme surtout. Ripley compris.

Au départ, un roman, « The Talented Mr Ripley » dont le film reprend le titre original. A l’exception du générique qui fait défiler les adjectifs en foule avant de se fixer sur « Talented ». En forme de charade, ce titre ludique à rallonge donne approximativement :
« The Mysterious Yearning Secretive Sad Lonely Troubled Confused Loving Musical Gifted Intelligent Beautiful Tender Sensitive Haunted Passionate Talented Mr. Ripley ». (En traduction : Le mystérieux ardent secret triste solitaire dérangé perdu amoureux musicien doué intelligent beau tendre sensible hanté passionné talentueux Mr Ripley). Et en effet, Minghella tient cette (longue) promesse dans le film, ajoutant une certaine humanité, parfois même une conscience, au Ripley original, le Machiavel froid du roman.

La naissance de Ripley


Écrit en 1955 par Patricia Highsmith, l’intrigue joue en virtuose sur les accords majeurs les plus sombres de la psyché humaine : la cruauté, l’intelligence, le détachement, la sexualité (ici l’homosexualité, encore taboue à l’époque), l’envie, les rapports de soumission et de domination entre les classes sociales… Cette histoire de manipulation tordue ressemble d’ailleurs beaucoup à son premier roman, adapté à l’écran en 1951 par Alfred Hitchcock, « L’Inconnu du Nord Express ». Le talentueux Ripley du titre, personnage fascinant, fait du livre un best-seller et donne à Patricia Highsmith un point départ pour une collection de cinq aventures de Ripley surnommée la « Ripliade » par ses plus fervents lecteurs ! Qui est ce Ripley ?

À la fin des années 50 à New York, Tom Ripley, un jeune homme brillant mais sous-employé, est envoyé en Europe à la suite d’un hasard providentiel pour y récupérer un jeune playboy millionnaire, Dickie Greenleaf. Dickie embarque Ripley dans le tourbillon de sa vie en Italie. Mais les choses ne tournent pas comme prévu et Ripley, grâce à son don pour la contrefaçon et l’imitation rentre de plus en plus loin dans un jeu de rôle pervers qui le sauve et le damne à la fois.

« Plein Soleil » en 1999 ?


Dans la version de René Clément du roman, « Plein soleil » en 1960, Alain Delon dans toute la splendeur de sa jeunesse jouait un Ripley calculateur et génial, à la beauté du diable, un être supérieur et vil qui, comme le Lafcadio de Gide dans les « Caves du Vatican », gagne une partie serrée et immorale sur la société.
Ripley version 1999 c’est Matt Damon à peine sorti du « Good Will Hunting » de Gus Van Sant qui l’a révélé. Avant de l’engager Minghella avait d’ailleurs envisagé Tom Cruise ! Parfait dans le film, Damon a depuis prouvé son grand talent, spécialement en 2006 avec « The Good Sheperd » de Robert de Niro ou « The Departed » de Martin Scorsese. On peut imaginer que ce n’est pas un hasard si Minghella choisit Damon pour succéder à un Delon à la beauté cosmique, il joue sur le contraste entre le physique assez porcin, un jeune Américain type mal dégrossi et celle plus racée (dans tous les sens du terme) de Jude Law, qui incarne Dickie. Le physique de Ripley si doué dans l’imitation change au fil de l’intrigue : il devient plus sombre dans le crime mais aussi de plus en plus fin, distingué, paradoxalement « civilisé ». Le désir et les jeux de séduction, qu’ils soient tabous (ou non), homosexuels ou pas, nouent et dénouent l’intrigue, toujours avec cruauté.

Dickie Greenleaf : "Tout le monde devrait avoir un talent, quel est le vôtre ? "
Tom Ripley : "Mentir, imiter les signatures et imiter à la perfection à peu près n’importe qui."

Une Dolce Vita glacée


Tous les ingrédients sont réunis pour émerveiller les yeux et glacer le coeur. Ripley et Greenleaf évoluent dans une Dolce Vita proche du fantasme ultime : la nonchalance d’une jeunesse argentée au coeur des Fifties à Rome, Venise, en Toscane ou sur les îles proches de Naples, sous le soleil de Capri, la volcanique Ischia ou Procida. L’été flamboyant fournit un excellent contrepoint à la froideur de Ripley sur un air de jazz. Damon imite d’ailleurs à la perfection la voix de Chet Baker sur My Funny Valentine ! Gwyneth Paltrow et Jude Law forment un couple « de luxe », jouent à merveille deux clichés de la haute société : l’enfant gâté (pourri) un peu vain, un peu creux, une tête à claques qui utilise son charme vénéneux « pour jouer » sur tous ceux qui passent à sa portée et une débutante blonde naïve aux manières exquises prête à perdre son innocence de façon brutale. En bonus dans les rôles secondaires, deux acteurs fantastiques : Philipp Seymour Hoffman en héritier sorti de Princeton, boursouflé de suffisance, cruel à souhait et Cate Blanchett en fausse ingénue richissime trop romantique pour ne pas se faire arnaquer.

Le désir et la mort


Dix ans après la sortie de ce film, il est temps de rendre hommage à Anthony Minghella, mort prématurément en mars 2008. Ses meilleurs films sont d’ailleurs toujours ceux dont il a écrit le script : par exemple, « Truly Deeply, Madly » une douce comédie fantastique sur la mort qui défait un couple, ou le lyrique « Cold Mountain » qui a seulement souffert d’un mauvais casting. Avec ce « Talentueux Monsieur Ripley », il a réalisé un polar élégant jusqu’au bout des griffes, appliquant avec beaucoup d’intelligence les préceptes du maître, Alfred Hitchcock, puisqu’il filme les étreintes amoureuses comme des crimes et les crimes comme des étreintes amoureuses. Sa très belle scène finale, où Ripley enlace son amant, joue sur le son en surimpression et provoque un sentiment de malaise et de fascination diffus. Il montre l’espace d’un instant toute la complexité de son Ripley, amoureux, rationnel, cynique et désespéré.

 




21h05 - 22h : L’heure ultramarine

L’heure ultramarine © - 2011
Alexandre Héraud
2011 a été décrétée « Année des Outre-mer » en France. Outre-mer… à peine le mot est-il prononcé que s’en viennent les embruns du voyage et du lointain, les chromos et les clichés, les plages, le sable et le soleil. Un exotisme de pacotille. Mais la carte postale a son envers et les artistes ne manquent pas de l’écrire. Pas question donc de ne pas profiter tout cet été de la présence de nombreux représentants de l’incroyable diversité des régions d’Outre-mer venus s’inscrire dans le foisonnement des rencontres, expositions et festivals qui se tiendront tout au long de l’année dans l’hexagone.
Chaque soir dans l’intimité du studio, au moment où s’installe la nuit, propice à l’éclosion de la parole dévoilée, Alexandre Héraud reçoit celles et ceux qui contribuent au rayonnement des cultures ultramarines et questionnent ces identités multiples qui participent à la richesse de la France. De la Nouvelle Calédonie, aux archipels de la Polynésie française, de l’île de la Réunion à la Guyane en passant bien entendu par la Martinique et la Guadeloupe, sans oublier Saint-Martin et Saint-Barthélemy ainsi que Saint-Pierre et Miquelon, ces rencontres, sur le mode de la conversation en tête-à-tête où se dessineront un parcours, une oeuvre, un engagement, émaillés d’archives sonores et de musiques, seront l’occasion de changer de regard sur ces territoires disséminés à travers tous les océans de la planète. Avec leurs notes, avec leurs mots, par le geste et par le fil, ainsi l’Outre-mer veille…

TIKI POP













Tiki Pop

du 24 juin au 28 septembre Paris, au Quai Branly
Emblématique de la culture populaire américaine des années 50/60, le style Tiki décline une imagerie fantasmée des mers du sud.
Il tire ses origines des représentations fantaisistes du Pacifique, véhiculées par les récits des explorateurs dès le 18e siècle. Les romans d’aventures puis les films relayent et popularisent cette vision réinventée des cultures polynésiennes.
Le style Tiki influence, dès les années 1930, l’architecture, la décoration des bars et des restaurants américains, et insuffle un véritable art de vivre avec les archétypes du beachcomber (vagabond des plages) ou de la vahiné sexy.
L’imagerie Tiki, adaptation très libre du modèle polynésien d’origine, se décline dès lors en version traditionnelle ou moderniste et envahit la vie quotidienne.
Représentation de tiki © Musée du quai Branly
- photo Claude Germain 
Près de 450 oeuvres, photos, films, enregistrements musicaux et documents d’archives témoignent de cet engouement devenu un art de vivre. Une sélection d’objets étonnants – qu’ils soient usuels (verres, boites d’allumettes, cendriers etc..), accessoires pop (flacons de parfums ou de ketchup), éléments de décoration d’intérieur, etc. – est présentée aux côtés d’oeuvres authentiques (sculpture Tekoteko Maori, bol Tonga à Kava…).
Alors que le style Tiki revient depuis peu sur le devant de la scène aux États-Unis (réouverture des bars à cocktails…), l’exposition TIKI POP, L’Amérique rêve son paradis polynésien explore la montée en puissance de ce phénomène unique dans la culture américaine, ayant connu son apogée dans les années 50, jusqu’à son déclin à la fin des années 60 et son oubli dans les années 80.

« Dans l'histoire de l'art, certaines époques se distinguent par l’utilisation de la sculpture au service de l'architecture et de l'art décoratif. Le réalisme idéalisé de la statuaire grecque ou les voluptueux chérubins de la Renaissance sont, chacun à leur tour, devenus les icônes d'une certaine période stylistique. Cette exposition présentera un style peu connu du milieu du 20e siècle, inspiré par une forme d'art considéré comme l'antithèse de l'art classique : les sculptures « primitives » des peuples des îles océaniques, qui furent sommairement dénommés « Tiki » par l'Amérique du milieu du 20e siècle. Dans ce monde imaginaire de la culture Tiki Pop, les Américains purent réaliser leur propre film des Mers du Sud, et y tenir des rôles, à grand renfort de faux palmiers, de stars ténébreuses et de bande sonore exotique. Le visiteur cheminera le long d'une trame chronologique qui relatera les prémices de ce mouvement, sa montée en puissance, puis la disparition de ce phénomène unique dans la culture américaine. »
Sven Kirsten, Commissaire de l'exposition, auteur et spécialiste de Pop culture
Menu du Trader Dick Reno, Nevada
© Jennifer Patrick
Section 1 : PRE - TIKI (du 17ème au milieu du 20ème siècle)
L'essor du style Tiki américain, au milieu des années 1950, fut précédé d'un cortège de représentations fantaisistes de la vie dans les Mers du Sud. Quand le Tiki fit son entrée sur la scène américaine, celle-ci était déjà imprégnée de nombreuses interprétations de la culture océanienne.
Les récits de voyages de Bougainville et Cook puis Pierre Loti, Melville et Paul Gauguin ou encore la vogue de la musique hawaïenne dans les années 20 ont tous joué un rôle précurseur dans la formation des mythes liés aux Mers du Sud.
Ces références sont à la base de nombreuses idées reçues sur la culture polynésienne et ses extrapolations dans l'imaginaire populaire.
Ainsi fondé, ce mythe du paradis océanique évolua, au cours du 20e siècle, de manière sensiblement identique au divertissement populaire.
Jusqu'au début du siècle, l'imagination du grand public avait principalement été influencée par la lecture de romans. A partir des années 1920, les livres cèdent la place à la musique comme source d'inspiration des rêves des Mers du Sud, puis aux films (dont une partie significative fut elle-même tirée des précédents). Le cinéma hollywoodien joue désormais le rôle de nouveau média par lequel le mythe populaire de la Polynésie va pouvoir se perpétuer.
Dans toute l’Amérique, des bars et restaurants à l’ambiance polynésienne sont inspirés de ces films où des personnages inventés évoluaient dans une ambiance irréelle. Ils permettaient ainsi au citadin moyen de se croire au coeur d'un film hollywoodien et d'oublier un instant la routine. Très rapidement, le grand public a adhéré à cette ambiance qui a tout d’abord attiré de nombreuses célébrités hollywoodiennes. Le "Don's Beachcomber Cafe" à Hollywood est devenu une référence pour tous les bars Tiki du 20e siècle. L’idée du fameux "Walk of Fame" (le trottoir de Hollywood Boulevard sur lequel sont gravés des noms de stars) est directement inspirée d'une carte de cocktails tropicaux.
Boîte d'allumettes © Jennifer Patrick
Pendant la Seconde Guerre mondiale, de nombreux Américains sont envoyés dans le Pacifique. Malgré la violence du conflit, la notion de paradis polynésien se révéla plus forte que la réalité à laquelle les soldats étaient confrontés. Avec la nouvelle prospérité d'après-guerre, le besoin de divertissement se fit plus grand que jamais. Les épreuves subies pendant les combats cédèrent la place à une vision fantasmée des terres enchantées des Mers du Sud.
La chanteuse et actrice Frances Langford suivit le même chemin que la vogue polynésienne pop en Amérique. Passant de la radio au cinéma, puis au divertissement des troupes pendant la Seconde Guerre mondiale, elle épousa l'acteur de films des Mers du Sud, John Hall, et finit par ouvrir son propre restaurant polynésien appelé « The Outrigger». James Michene, ancien GI relata ses expériences de guerre dans le roman Pacifique Sud, adapté en comédie musicale puis en film. Les éléments romanesques furent enjolivés et bientôt toute l'Amérique se mit à fredonner l'air de Bali Hai.
Section 2 : Tiki - Le dieu américain des loisirs (du milieu des années 1950 jusqu'à la fin des années 1960)
Mug from the Aloha Hut - Collection Martijn
Veltman © Jennifer Patrick 
Jusqu'alors, le Tiki faisait partie des nombreuses icônes peuplant l'univers visuel associé au fantasme des Mers du Sud en Amérique. Mais, à partir du milieu des années 50, le goût pour les arts dits «primitifs» devient une marque de raffinement. Des oeuvres provenant d’Océanie sont exposées dans les musées, mais aussi dans les halls d’entrée des bâtiments et les salons des particuliers. Connaître les « arts indigènes » confère une aura de distinction et de culture.
Le Tiki devient alors l'ambassadeur du Paradis polynésien ; son image est diffusée sur toutes sortes de formes et de supports. De grands "Temples Tiki" sont construits ; leur intérieur donnant l’impression d'être sur une île tropicale.
Les restaurants et bars jouent également avec le symbole Tiki. Le succès de ces lieux s’explique en grande partie par les boissons qui y sont servies et l'extravagance des décorations tropicales comme de leurs contenants, dont le design prolonge celui du décor.
Dès la fin de la Prohibition en 1933, l’art du cocktail fait partie intégrante de cette culture. La télévision, nouveau média de masse, concurrence les grandes productions hollywoodiennes chez les classes moyennes. Des émissions comme "Hawaiian Eye" ou des séries telles que "Adventures in Paradise" deviennent très populaires. A la même période, Hawaï devient le 50ème état américain et la « cour de récréation » de l'Amérique. Le Luau, fête traditionnelle hawaïenne, arrive jusque dans les villes et les maisons américaines.
A son apogée, le style Tiki américain a constitué une forme de pop art unique en son genre.
Noa Noa, le journal tahitien de Gauguin - 1926
Section 3 : Montée en puissance, expansion et effondrement du Tiki (1960-1970)
Le Tiki est devenu un style à part entière lorsqu'il a quitté le domaine de la décoration de restaurant et a commencé à influencer le style des immeubles d'habitation, des motels et des bowlings. Les parcs à thème et les centres de villégiature surfèrent également sur la vague Tiki jusqu'à son effondrement.
L’architecture tiki se développe : des bâtiments modernes à fronton en pointe tenant des huttes indigènes et des maisons communes du Pacifique, tout en incarnant l'esprit de l'époque de l'avion à réaction (« Jet Age style ») sont construits.
Le style tiki dans les applications architecturales est omniprésent, inventif mais aussi complexe. Le Tiki arrive aussi dans la sphère domestique : ustensiles de cuisine en forme de Tiki, nécessaires de jardin, kits de bricolage, ensembles complets de mobilier de bar maison (inspirés de celui d'Elvis Presley dans sa Jungle Room)…
Malgré cet engouement, la génération qui a créé et apprécié la vague Tiki vieillit et, avec le grand bouleversement social de la fin des années 1960, ses enfants décrètent que les loisirs de leurs parents sont dépassés et vieux-jeu.
Roman : Mutiny on the Bounty de Nordhoff
and Hall © Jennifer Patrick 
La prise de conscience de l'ampleur des crimes du colonialisme, du sexisme et du racisme met fin au fantasme des Mers du Sud. Dans les années 1980, le Tiki est complètement oublié.
Marlon Brando, vedette de la version de 1962 du film "Les révoltés du Bounty", constitue une métaphore de l'Amérique Tiki pop. L’histoire de la mutinerie donne corps au rêve du citoyen moyen de se rebeller contre son patron, de quitter son emploi et de vivre une vie sans soucis sur une île des Mers du Sud.
Brando faisait figure de dieu parmi les hommes. Il avait le pouvoir de réaliser ce dont le reste de la population (masculine) ne pouvait que rêver : tout comme Fletcher Christian, il prit une jeune fille tahitienne pour femme, puis acheta sa propre île. Mais il ne put empêcher sa famille de succomber à la malédiction des mutins de Pitcairn
Il semble qu’après tout, le rêve des Mers du Sud était destiné à rester une chimère qui jamais ne devait se réaliser.
Le retour du Tiki
Après avoir été complètement oublié dans les années 1970 et 80, le Tiki reparaît grâce au travail minutieux d'archéologues urbains et de chasseurs-collectionneurs d'objets pop qui s'emploient à remettre au jour les vestiges de ce style. Leur travail et les livres qu'ils publièrent conduisirent, à terme, à un renouveau artistique Tiki qui redevient un phénomène de la Pop culture.
Autour de l'exposition, activités en accès libre et gratuit
Festival des arts d'Hawaï du 27 juin au 29 juin
Spectacle et ateliers de danses traditionnelles, concert du guitariste hawaïen Slack Key Makana, ateliers de fabrication de Lei (colliers de feuilles et de fleurs), contes hawaïens et spectacle jeune public Ouli d’Anne-Laure Rouxel.

Before Tiki Pop, L’Amérique rêve son paradis polynésien le 4 juillet de 19h à 23h
A l’occasion de la fête nationale américaine, les visiteurs sont invités à s’immerger au cœur de la culture tiki, à la recherche du paradis polynésien et autres fantasmes exotiques pour découvrir l’un des mythes emblématiques de la culture populaire américaine, celui du paradis des Mers du Sud.
Bol à nourriture © Musée du quai Branly, photo Thierry Ollivier, Michel Urtado - 2014

Jardin d'été du 28/juin au 31 août
Loin de la frénésie parisienne, l’été se fait festif dans le jardin du musée sur le thème Tatouages et Vahinés. Saveurs tropicales, airs de ukulélé et parfums de vahinés plongent les participants dans cet univers symbolisé par la figure du Tiki, divinité océanique largement réinventée par l’imaginaire populaire de l’Amérique des années 1950.
Au programme: des séances d’initiation aux arts hawaïens, un parcours interactif dans le jardin, des visites contées en plein-air, des lectures « nomades » et une Ukulélé party.

informations pratiques


adresse

37, quai Branly
75007 Paris

date(s) et horaire(s)

du 24 juin au 28 septembre
- mardi, mercredi et dimanche
de 11h à 19h
- jeudi, vendredi et samedi de 11h à 21h
- fermeture hebdomadaire le lundi






Martinique : Le Diamant




Un  caillou ? le Diamant ? Sacrilège !





Le Joyau de la Martinique



A quelques 10 milles de la pointe Sud de la Martinique et une encablure de la côte sous le vent, le Diamant, majestueux et solitaire surgit des flots et se dresse fièrement vers le ciel. Il reste planté là, au milieu du bleu marin infini. Et réunit terriens et marins autour d’un même sentiment de curiosité. A moins de deux kilomètres de la côte, ce reste d'édifice volcanique rongé par l'érosion peut en effet être admiré depuis la Pointe du Diamant aménagée en points de vue à mi-hauteur du Morne Larcher. Les visiteurs surplombent la très belle et vaste plage qui fait face au rocher.

Le Memorial de l'Anse Cafard (Le Diamant)



Les attraits touristiques de la commune du Diamant sont nombreux, parmi eux se trouve le très imposant Le Memorial de l'Anse Cafard. Des statues colossales empreintes d'un message fort.


comémorer Le Diamant Voici (sur la photo que vous pouvez voir en grand format en cliquant dessus située à gauche) le Memorial de l'Anse Cafard. Statutaire et imposant (voir l'échelle grace la skippette située devant) ne laisse personne indifférent et impose le respect. Ces statues blanches est la couleur du deuil en Martinique sont là pour commémorer un indicent tragique arrivé en 1830.
Ces 15 statues furent réalisées par le sculpteur Martiniquais Laurent Valère pour les 150eme anniversaire de l'abolition de l'esclavage (en 1998). Elles pèsent chacunes 4 tonnes et sont tournées vers le Cap 110 soit le 110° Nord de l'île de Gorée) en mémoire des 300 esclaves naufragés dont seulement 86 survécurent. La traite des noirs étant interdite, ces hommes là (sans status: ni esclave, ni homme libre) furent finalement envoyés au bagne !!!









anse cafard

La plage de l'anse Cafard est une très belle plage de sable blanc battue par les vagues donnant sur la mer des caraïbes, quelques palmiers et le somptueux Morne Larcher dréssé à votre droite.

Moins sauvage que sa grande voisine (la plage principale), de nombreux bars et restaurants y sont posés sur le sable: Idéal pour les gastronomes amoureux de la mer et du rocher. Une plage qui mérite le detour.


Pour la trouver, partez du bourg du Diamand en direction de Petite Anse d'Arlet; c'est à 3 km à gauche (fléché).

Superbe car incurvée sur quatre kilomètres et souvent déserte, elle est également dangereuse car la houle y frappe souvent enroulant son écume lumineuse sur le sable fin. Des rouleaux puissants attisés par des courants peuvent emporter un homme loin du rivage.









Donc, nouvelle approche, il grandit plus raisonnablement cette fois, et satisfait, l’objectif de l’appareil photo prend, dès lors, la star sous toutes ses coutures.



Superbe, il est posé sur l’eau. Il subit avec flegme les assauts de la mer primesautière, cédant en érosion à ses caprices les plus fous. Sous certains aspects il prend une tête de singe. Parfois, il se confond avec l’image de ce héros de science fiction : Dark Vador, de Star War. Un peu effrayant à la vérité. Nous passons au plus près, (sans trop) il est gigantesque. Les falaises sont arrondies par le poids des années et l’acharnement du vent et de la mer qui en grignotent les pans. Mais la comparaison que tout le monde lui préfère, c’est celle qui le met en valeur, tel le plus prisé des joyaux de la planète. Ainsi, lorsque le soleil est au zénith, ses arrêtes vives, révèlent son éclat ainsi que celui des eaux saphir qui l’ourle..






Sur ce bloc volcanique gris aux reflets de nacre, haut de soixante-seize mètres une végétation courageuse abrite une colonie d’oiseaux. Broussailles, poiriers-pays et cactus poussent sur ses flancs abrupts creusés de grottes où de nombreux oiseaux de mer viennent chercher refuge. Les cactus nommés cierges ont d'étranges manières sur ce rocher. Ils ne fleurissent que la nuit. Y accoster le jour est une expédition réservée aux téméraires. Mais qui, risquerait d'y grimper de nuit, même pour assister au spectacle unique de l'ouverture des fleurs de cierge? Outre les fous, les pailles en queue,



les frégates, les phaétons à bec rouge, et autres balbuzard-pêcheurs ou aiglon encore appelé aigle migrateur de l'Amérique du Nord qui survolent en permanence le Diamant, les anolis et les mabouias ou couleuvres couresses ont colonisé le célèbre rocher



Si l'escalade du Rocher du Diamant est une attraction rare. En revanche, les plongeurs, y trouvent un terrain de prédilection. Sur les tombants et dans les fosses où l'eau est claire, des coraux de toutes formes se développent.

Les observateurs y rencontrent bon nombre d'espèces qui vivent dans les lagons :





les chirurgiens bleus et noirs, le poisson soldat, le juif, mais aussi la carangue (un poisson de grande taille, aux reflets gris qui évolue souvent en bande). Les curieux prendront garde à ne pas déranger le marignan ou poisson écureuil de sa cache, sinon il déploiera une large dorsale épineuse. La base du rocher est striée de grandes failles couvertes de spongiaires, l'une d'entre elles traverse le socle de part en part. Quelques langoustes s'y pavanent, attisant l'appétit des fins gourmets.



Voilà pour l’essentiel de la colonie qui a élu domicile sur et sous le Diamant.



En vérité, je vous parle d’un Rocher, français ou Martiniquais. Mais, ce n’est pas ça du tout… ce que vous avez devant vous est en réalité un navire anglais échoué à jamais sur les côtes françaises!




Une ruse légendaire : « HMS Diamond Rock »





Inscrit comme "Rocher du Diamant" sur les cartes françaises, il prend pour appellation « Her Majesty’s Ship Diamond Rock » dans les registres de la marine royale britannique ainsi que sur les cartes marines des Anglais. Aujourd'hui, il est encore salué comme tel. Héros de la fatigante rivalité qui opposa les Français et les Anglais, tous deux désireux de régner sans partage sur le paradis antillais. En 1803, la Martinique était devenue propriété des Français. Mais, les guerres napoléoniennes sévissaient toujours. Les Anglais qui étaient obnubilés par l’idée d’entraver la marche du Général, s'emparèrent du Rocher et y installèrent des batteries. Deux cents marins servaient à bord de ce navire insensé. Ils tiraient sur tout bâtiment tentant d'accoster dans les ports de la côte sous le vent de la Martinique.

La légende :
Profitant d’une nuit sombre de 1805, les Français de Villaret-de-Joyeuse firent perfidement échouer au pied de la sentinelle une barque remplie de fûts contenant la tisane du père Labat (premier terme utilisé pour cette nouvelle boisson sortie de l’alambic du Père Labat, un missionnaire un peu spécial venu des colonies du Brésil. Ce breuvage devint ensuite le rhum.)

Les Anglais un peu à l'étroit sur leur rocher, s'enivrèrent pour changer leur quotidien. Cette "distraction" fut plus efficace que n'importe quelle canonnade. Les Français ravirent ainsi avec brio l'édifice flottant aux ennemis royalistes qui se rendirent joyeusement !! Cette ruse mit fin à l'étrange épopée du navire de pierre qui avait duré dix-sept mois…


à  l’ombre du Diamant, nous poursuivons notre route.






Le Diamant c'est aussi une commune :

Le Diamant situé en Martinique est le nom du célèbre Rocher situé au sud-ouest de la Martinique. Le Diamant est également le nom de la commune faisant face au Rocher du Diamant. Quand on le voit pour la première fois, le Rocher du Diamant est magnétique, il appel a la rencontre ...nul doute que vous y viendrez un jour



Au fil des pages web du site Le Diamant Martinique, vous apprendrez à connaitre cette petite commune pleine de charme qui invite au voyage et vous accueillera avec joie, d'où que vous veniez ! ...commencer par découvrir la commune du Diamant.



Les attraits touristiques de la commune du Diamant sont nombreux, parmi eux se trouve la célèbre (mais difficile à trouver) Maison du Bagnard (Monsieur Médard Aribot de son vrai nom) .



Maison du Bagnard Le Diamant Voici (sur la photo située à gauche) la célèbre maison (cabane) du Bagnard. Cette Maisonnette est une extraordinaire curiosité premièrement par ses dimensions Elle tient dans un cude de 2.20m de côtés !
Son propriétaire, Monsieur Médard Aribot était un personnage
extrentrique qui vécu de 1901 à 1973. Il construisit cette mini-maison en 1960 et y habita 13 ans ! Elle s'apelle dorénavant La Maison du Bagnard car ce Monsieur fut condamné au bagne pour vol et fut reconduit en Martinique à la fermeture du bagne en 1945. Cette Maison témoigne maintenant des talents d'artiste sculpteur du Bagnard.
La Maison du Bagnard est en visite libre et les dégats occasionnés sont flagrants. La volonté de le municipalité est cependant de la conserver dans son état actuel et d'y laisser la visite libre (et gratuite). Il faut donc être très attentionné lors de la visite. Cette maison se trouve à l'anse Cafard, sur la route de petite Anse. La maison du bagnard se voit depuis la route (à gauche). Très bonne visite !



Liste des vidéos du Diamant présentées ici:cliquer sur le lien