DES BRETONS AUX ANTILLES

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DES BRETONS AUX ANTILLES...

31 AOÛT 1867

Le poème de la fin

31 août 1867: Charles Baudelaire meurt à 46 ans. Poète maudit par excellence, il consacre son œuvre à la recherche du Beau, la détachant de toute considération morale. Cela nous donnera certains des plus beaux poèmes de la littérature française.

 
Portrait de Charles Baudelaire, par Gustave Courbet (1847). Luisa Ricciarini / Bridgeman Images
 

Élévation

Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,

Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.

Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins ;

Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !

Charles Baudelaire, Spleen et idéal (Les Fleurs du mal, 1857)