DES BRETONS AUX ANTILLES

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Pétra

 

 France 5 

Expédition Pétra, 

sur la piste des Nabatéens

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Pétra, la grande cité caravanière antique. Expédition Pétra, sur la piste des Nabatéens

CRITIQUE - Le documentaire retrace l’itinéraire emprunté par les marchands antiques de Médine à Pétra. Une immersion archéologique de toute beauté. Expédition Pétra, sur la piste des Nabatéens un film à ne pas manquer ce jeudi 8 décembre à 21 heures sur France 5.

Quatre jeeps fendent à vive allure le désert d’Arabie. L’expédition s’élance au cœur d’un paysage de dunes et de rocheuses, aux confins nord-ouest de la péninsule. Elles laissent derrière elles Médine pour s’engager dans un périple de plus de 700 kilomètres. La destination du convoi se trouve par-delà des vallées de grès, à travers des solitudes arides et des canyons ocre enserrées à perte de vue dans la chape d’un sable brûlant. Direction Pétra, la grande cité caravanière d’autrefois!

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Un vendredi sur deux

Tournois, coups de maîtres, conseils et exercices : toute l’actualité des échecs par Bertrand Guyard.

Dans la voiture de tête, Laïla Nehmé scrute les environs avec ses jumelles. L’archéologue et directrice de recherche au CNRS a organisé avec ses partenaires saoudiens une virée scientifique de douze jours le long du corridor serpenteux qui reliait ces deux cités marchandes de l’Arabie antique. Ce n’est qu’un segment de la route terrestre de l’encens, l’artère commerciale plurimillénaire du Yémen à Gaza, par laquelle transitaient aussi la myrrhe, les perles, le vin.

Entre rocs et dunes de sable

Mais quel était le tracé précis de cet itinéraire? Pour le savoir, la chercheuse doit retrouver les vestiges des caravanes d’autrefois. Et pas n’importe lesquels: ceux des Nabatéens. Cette tribu arabe s’était, dans les quatre derniers siècles avant notre ère, considérablement enrichie du grand commerce caravanier. Son royaume a laissé de remarquables monuments à Pétra, en Jordanie, ainsi qu’à Hégra, en Arabie saoudite. Mais les menus points d’étapes de sa veine caravanière sont moins identifiés.

Pour retrouver ces sites perdus, les archéologues procèdent donc avec méthode. «Quand on cherche une piste caravanière, on fait de la prospection. Mais on ne peut pas chercher des traces de campement ; je mets au défi quiconque de partir à la recherche de tessons perdus au milieu du désert! En revanche, nous pouvons trouver des inscriptions gravées dans la pierre», explique Laïla Nehmé dans Expédition Pétra, sur la piste des Nabatéens, de Nathalie Laville et Agnès Molia.

Rencontre avec des Bédouins soudanais

Avec son collègue Jérôme Norris, la scientifique garde l’œil sur les montagnes croisées le long du voyage, attentive au moindre graffite. Tous les deux ont compulsé la bibliographie et les relevés satellites en amont de l’expédition. Examiner le pourtour des oasis et des wadis, ces lits de rivières nichés au cœur des montagnes, s’avère fructueux. Mais sur place, un brin d’aventure se faufile parfois dans le plan ordonné des chercheurs. Ici, la caravane moderne, vaincue par une prospection infructueuse, s’arrête pour la nuit à l’ombre d’un éperon rocheux. Le site va révéler finalement de nombreuses inscriptions nabatéennes. Ailleurs, la rencontre de Bédouins soudanais et quelques paroles diplomatiques révèlent l’emplacement d’un nouvel eldorado épigraphique.

Ainsi ces imprévus heureux rythment-ils la belle enquête archéologique menée entre le roc et les dunes de l’Arabie.

ÇA VAUT UN CLIC

 

Dès  1901,Georges Méliès mettait en scène une civilisation humanoïde cachée sous la croûte du satellite dans Le Voyage dans la Lune.

« Il y a des va-et-vient permanents entre le réel et la science-fiction », rappelle Emmanuel Kreis, historien du conspirationnisme au CNRS et coauteur de l’ouvrage Le Complot cosmique. Théorie du complot, ovnis, théosophie et extrémisme politique (Arché, 2010). Nées à une période où les connaissances astronomiques étaient moindres, ces fictions ont enfanté des stéréotypes durables.

STARMANIA

 Laurence Le Saux

Publié le 07/11/22

Comme pour contrebalancer la noirceur du récit, Thomas Jolly utilise à l’envi les lumières de Thomas Dechandon.

Comme pour contrebalancer la noirceur du récit, Thomas Jolly utilise à l’envi les lumières de Thomas Dechandon.

Photo Anthony Dorfmann

Thomas Jolly exalte les aspects les plus sombres de l’œuvre originale de Michel Berger et Luc Plamondon, dans une mise en scène étourdissante, tout en lumières et virtuosité. À voir à la Seine musicale jusqu’au 29 janvier 2023, puis en tournée française.

Comment redonner une profondeur narrative à une œuvre culte devenue machine à tubes, régulièrement entendus sur Chante France ou Nostalgie ? De cette tâche ardue, le metteur en scène Thomas Jolly, habitué du théâtre public, se sort admirablement. Son Starmania – freiné par le Covid, et qui lui demanda une gestation plus longue que celle d’une éléphante, aime-t-il à rappeler – éblouit littéralement.

Peu de faux pas dans ce retour aux sources, donc au spectacle historique de 1979, dont trente-trois représentations seulement avaient été données. En introduction, un discret hommage à son compositeur Michel Berger : un piano blanc, planté sous les projecteurs, rappelle l’éminent mélodiste. Avant de laisser la place à Monopolis, mégalopole glaçante, où les habitants semblent désincarnés. La ville du futur, terriblement actuelle, est une énorme étoile noire — une référence au nom de la bande d’un voyou local — menaçant machin anguleux qui se scinde en deux, parcouru d’escaliers et d’échelles.

Brutal, ce monde est brutal

Un décor exigeant pour les artistes, qui chantent en montant ou descendant les marches ! Une cité verticale surtout, où le pouvoir est bientôt détenu par Zéro Janvier, un dictateur évoquant pêle-mêle Donald Trump et Elon Musk, désireux de « bâtir le nouveau monde atomique, où l’homme ne sera plus l’esclave de la nature ». Seule face à lui se dresse la « gourou marabout » (un personnage supprimé dans les versions données en 1988 et 1993), qui résonne avec les aspirations écologiques actuelles, mais dont les scènes délaient un peu l’intrigue.

La violence fait rapidement irruption dans cet « opéra-rock » : les paroles de Quand on arrive en ville, énergique ritournelle qui dynamise les soirées karaoké, prennent soudain tout leur sens. Leur interprète Johnny Rockfort, leader du gang des Étoiles noires, n’est pas un tendre. Il tue à tour de bras. Un sauvage « sans foi ni loi », une bête sanguinaire, irréfléchie. Un assassin pour lequel, même lorsqu’il perd sa bien-aimée, on peine à avoir de l’empathie.

Le décor est exigeant pour les artistes, qui chantent en montant ou descendant les marches.

Le décor est exigeant pour les artistes, qui chantent en montant ou descendant les marches.

Photo Anthony Dorfmann

Les relations humaines sont aussi empreintes de brutalité. La lumineuse Cristal, animatrice de l’émission Starmania (qui promet un quart d’heure de célébrité à tous), se fait malmener par Johnny Rockfort qu’elle vient d’interviewer, tombe amoureuse de lui et le traite rudement – c’est elle qui le poussera à commettre un attentat. Ziggy, attachant mélomane et objet de l’affection de la « serveuse automate » Marie-Jeanne, l’enverra paître sans prendre de pincettes quand on lui proposera un poste de disc-jockey au Naziland, la boîte de nuit de Zéro Janvier. Pas plus de sentiments dans le mariage de Stella Spotlight, sex-symbol déchu, et de Janvier, en quête de strass. La mort qui attend nombre d’entre eux semble la seule route, la seule porte de sortie possible.

Comme pour contrebalancer tant de noirceur, Thomas Jolly emploie de façon débridée les lumières de Thomas Dechandon. Pour un résultat spectaculaire. Les projecteurs s’animent, roulent vers le public, emportent les chanteurs dans une autre dimension. L’ombre et le soleil cohabitent. Habillent les somptueux costumes de Nicolas Ghesquière, subliment les danses furieuses de Sidi Larbi Cherkaoui.

Un nouvel éclat

Dans cette partition vénéneuse, les interprètes ne sont pas en reste. Ils évoluent un micro à la main, comme si la technique n’avait pas évolué depuis 1979. Ou que l’on voulait constamment rappeler leur place dans ce cirque médiatique habilement épinglé. Voulus inconnus, ou presque, pour que leur célébrité n’éclipse pas l’œuvre, ils brillent fort, et donnent un nouvel éclat aux paroles de Luc Plamondon.

Certains sont, ironiquement, issus de télécrochets. Lilya Adad campe une Cristal déterminée, Côme un Johnny Rockfort fuyant et fulgurant, Magali Goblet une Stella Spotlight ambivalente et désespérée, David Latulippe un Zéro Janvier aussi magnétique que dégueulasse. On reste longtemps sous le charme turbulent de Ziggy (Adrien Fruit), groupie de David Bowie. Émus par le timbre doux, presque enfantin, de la Marie-Jeanne incarnée par Alex Montembault. Et, malgré une irrépressible envie de chantonner, on ressort de la salle le cœur serré, l’estomac noué.


«Starmania» décrit un monde encore plus stone

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Les personnages évoluent dans le décor de Monopolis, métropole futuriste écrasante et déshumanisée. ANTHONY DORFMANN





CRITIQUE - Créé par Michel Berger et Luc Plamondon en 1979, L’Opéra rock renaît avec un casting réussi et des tubes intergénérationnels. Avec plus de noirceur et de violence que dans l’original.

C’est mardi 8 novembre, à La Seine musicale, que le coup d’envoi parisien de la nouvelle production de l’opéra rock Starmania a été donné. Sous l’œil attentif du Québécois Luc Plamondon, auteur du livret, un aréopage de people prit place lentement dans la salle des Hauts-de-Seine. Ses compatriotes Robert Charlebois et Fabienne Thibeault, qui participa à la distribution originale, les chanteuses Line Renaud et Clara Luciani, mais aussi des personnalités des médias (Laurence Ferrari, Élisabeth Quin, Laurent Ruquier, Guy Carlier, Marc-Olivier Fogiel, l’immarcescible Michel Drucker), quelques comédiens (Mathilde Seigner, Vincent Cassel) et des figures de la politique (Anne Hidalgo, Rachida Dati et Brigitte Macron). Tous étaient venus mesurer autant leur cote de popularité que la pertinence d’un spectacle créé il y a plus de quarante ans au Palais des congrès.


Initiée par France Gall elle-même avant sa disparition, cette nouvelle reprise de Starmania a été supervisée par Raphaël Hamburger, le fils qu’elle a eu avec Michel Berger, compositeur et âme du projet. Le spectacle commence avec un personnage frisé assis derrière un piano blanc tournoyant qui n’est pas sans rappeler le chanteur lui-même. L’objectif de l’équipe aux commandes était de revenir à l’ambition initiale de Starmania, celle d’un opéra rock en langue française à la portée sociétale. Le décor est celui de Monopolis, métropole futuriste écrasante et déshumanisée où évoluent huit personnages principaux. Depuis sa création originale, l’intrigue était passée au second plan derrière les chansons, devenues pour certaines des tubes inusables: Les Uns contre les autresQuand on arrive en villeLe Blues du businessman… La vertu de la mise en scène de Thomas Jolly est de replacer les personnages dans ce décor oppressant et d’en faire des figures tragiques en proie au désordre, et dotées d’une vraie épaisseur dramatique, pas juste des chanteurs passant les plats. À ce titre, la voix off qui fait avancer l’intrigue paraît assez superflue, et un peu caricaturale dans son côté anxiogène.

Dystopie en 1979, Starmania a été dépassé en termes d’horreurs par la réalité du monde. Depuis, on a vu un homme d’affaires d’extrême droite accéder à la présidence des États-Unis, le terrorisme faire des dégâts inimaginables alors (11 septembre 2001, 13 novembre 2015), le réchauffement climatique menacer l’avenir de la planète, les télécrochets et le désir d’être célèbre s’amplifier, et les questions de genre s’installer au premier plan. Autant de sujets que Plamondon, génie de la formule qui claque, avait anticipé dans des textes dont on avait oublié la portée suggestive et subversive à la fois.

Le casting des chanteurs, particulièrement réussi, leur permet de ne jamais être dans l’imitation, en se détachant des interprétations écrasantes de Daniel Balavoine, Fabienne Thibeault, Diane Dufresne et France Gall. Même si cela passe parfois par une certaine froideur et un manque de projection vocale, notamment sur le Blues du businessman. Tous sont d’un bon niveau, mais la véritable perle du spectacle est le jeune Alex Montembault, très convaincant dans le rôle de Marie-Jeanne, la serveuse automate. On ne doute pas que ce chanteur est promis à un bel avenir. On émettra quelques réserves sur certains arrangements, qui troquent la subtilité des versions originales pour une efficacité un peu balourde. Trop de basses slapées et d’arrangements à la sauce funk-rock façon années 1990, alors que l’original était plutôt disco. Ainsi, le tube Besoin d’amour, bien servi par une Lilya Adad qui tient plus d’Angèle que de France Gall, citée avec élégance au cours de la représentation. Certaines chansons de l’opéra rock n’ont pas aussi bien vieilli que les standards. C’est probablement parce qu’elles ne sont pas aussi bonnes qu’elles ne le sont pas devenues à leur tour.

Parti pris audacieux

Difficile de ne pas penser aux élections américaines de mi-mandat alors que le spectacle met en scène une compétition électorale entre Zéro Janvier et le Gourou Marabout, candidat écologiste douteux. Du début à la fin, la mise en scène de Starmania est traversée par une violence et une noirceur absentes de la version originale. En 2022, il n’y a plus d’espoir. Le gris, le noir et le rouge ont gagné. Un parti pris assez audacieux pour un show destiné à un très large public, qui ne cède jamais à la démagogie. Après une première partie un peu froide et lente, Starmania s’épanouit dans un second acte pétaradant, tonique, haletant et plein de jeunesse. Surtout, la danse y est beaucoup plus présente, et les tableaux s’enchaînent sans temps mort.

Starmania, à La Seine musicale à Boulogne-Billancourt (92), jusqu’au 29 janvier, puis en tournée jusqu’en juin 2023.


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À voir
s Starmania, de Michel Berger et Luc Plamondon, mise en scène par Thomas Jolly, direction musicale Victor Le Masne, chorégraphie Sidi Larbi Cherkaoui. Du 8 novembre au 29 janvier à la Seine musicale à Boulogne-Billancourt (92). De 29 € à 89 €. Puis en tournée à partir de février 2023.