DES BRETONS AUX ANTILLES

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Le Bon, la Brute et le Truand

 







Mars 2014. Quelques amis se retrouvent au bar d’Hontoria del Pinar, petite ville de la région de Burgos, en Espagne. Tous sont de grands admirateurs du cinéma de Sergio Leone, un maître du cinéma italien qui ne parle pas de l’Italie. Alors, évidemment, le sujet arrive vite dans la conversation. D’autant plus que, depuis quelque temps, le petit groupe se passionne pour un site de la splendide et toute proche vallée de Mirandilla où a été tournée, en 1966, l’une des scènes les plus célèbres du cinéma : le duel final du film Le Bon, la Brute et le Truand.


C’est au cours de cette séquence que le Bon (Clint Eastwood), la Brute (Lee Van Cleef) et le Truand (Eli Wallach) s’affrontent au pistolet pour savoir lequel d’entre eux empochera l’or caché par le soldat Bill Carson, dans l’une des 4 500 tombes du cimetière de Sad Hill.


La scène est considérée par une ribambelle de cinéphiles et d’historiens du septième art comme une référence absolue, la démonstration du génie de Leone, maître de la lenteur qui fascine, de la tension dramatique et des cadrages audacieux. Le tout magnifié par la musique d’Ennio Morricone.


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Alors à deux ans du cinquantième anniversaire du chef-d’œuvre de Sergio Leone, les amis veulent marquer les esprits, faire  quelque chose de grandiose . Comme c’est généralement le cas en Espagne, les bonnes idées surgissent autour de quelques bières stimulant notre créativité , nous explique Sergio Garcia, de l’Asociación Cultural Sad Hill. Et, ce soir-là, la bière devait être bonne car la grande idée n’a pas tardé à naître de ce joyeux brainstorming : et si, pour cet anniversaire, on reconstituait le cimetière de Sad Hill dont il ne reste apparemment plus rien ?

Retrouver le site du duel

Les amis savent que la scène d’anthologie du western italien a été tournée dans la région. Quelques visages pâles ridés du coin s’en souviennent encore. Mais le décor semble avoir complètement disparu.  Au moment où nous avons commencé notre travail, nous n’avions pas beaucoup d’informations sur le site, explique Sergio. Nous devons remercier le Colectivo Arqueológico de Salas de los Infantes qui l’avait marqué. Plusieurs membres de l’association font partie de ce groupe. Il y a également eu une course de VTT à travers le site, organisée par le Club Sportif de Silos. Par ailleurs, à l’exception de quelques forums de fans du film de Leone, il n’y avait aucune mention de l’endroit. 


Le décor naturel est grandiose. 

Un authentique morceau d’Amérique en pleines terres espagnoles. Pas étonnant qu’il ait tapé dans le « chercheur de champs » (la petite lunette des réalisateurs) du cinéaste. Mais, vu du ras des buissons, difficile de resituer le cimetière.

Les matériaux du décor utilisés par les locaux

Fondu dans le décor, avalé par la végétation, Sad Hill n’a cependant pas tout à fait disparu.  Après le tournage du film, les éléments de décor du cimetière, comme sur les autres lieux de tournage, ont été abandonnés, poursuit Sergio. Au fil du temps, les habitants des villages voisins ont utilisé le bois des croix et d’autres matériaux pour faire des travaux dans leurs maisons ou se chauffer. Les pierres du mur d’enceinte, au centre du cimetière, ont été utilisées pour la construction. 



Les copains emportent quelques pioches dans la vallée, histoire de tâter le terrain. Le grand cercle de pierre sur lequel s’est déroulé le duel est invisible. Peut-être a-t-il été détruit, lui aussi. Les premiers coups sont inquiétants. La végétation s’accroche et résiste au fer des outils. Mais elle finit par craquer et révéler son secret : les pierres sont encore là !  On était ébahis ! . Cette fois, c’est sûr, les amigos fondateurs de l’association Sad Hill vont reconstituer le cimetière !

Il faut d’abord effectuer...