DES BRETONS AUX ANTILLES

DES BRETONS AUX ANTILLES
DES BRETONS AUX ANTILLES...

20 juillet 1969

 




Elle est courte cette nuit du 20 au 21 juillet 1969. Pour une bonne partie de l’humanité, du moins celle qui a un poste de télévision, elle se passe devant le petit écran pour assister au premier pas de l’homme sur la Lune et entendre la petite phrase célébrissime de Neil Armstrong, le premier astronaute à fouler le sol lunaire :  C’est un petit pas pour l’homme mais un grand pas pour l’humanité. 

Les habitants de l’Ouest de la France sont comme les autres. Ils sont dans la Lune et Ouest-France en interroge plusieurs pour recueillir leurs premières impressions sur cet exploit incroyable. À Rennes (Ille-et-Vilaine), par exemple, le journal écoute devant un poste de télévision les commentaires à chaud d’habitants de la ville.  L’aventure de Tintin et Milou vient de quitter le domaine de la science-fiction , sourit Geneviève, une jeune secrétaire de 25 ans.

« Il y a tant de choses à faire sur Terre »

Surtout, ces premiers témoins de la conquête de la Lune sont scotchés par l’exploit.  Le plus grand truc que l’homme ait fait , s’exclame Jacques, 22 ans, un chaudronnier de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Pour autant, la prouesse technologique n’empêche pas de se questionner sur la finalité et le sens de cette présence humaine sur la Lune. Jean-Yves, 21 ans, handicapé physique, séjourne alors au centre de réadaptation fonctionnelle de Kerpape dans le Morbihan. Il s’interroge :  Tant de milliards pour aller sur la Lune, et pour quoi faire somme toute ? Alors qu’il y a tant de choses à faire sur Terre : les guerres qui ne cessent pas, la faim dans le monde, le sous-développement, la vieillesse, les handicapés. 

« Si le monde entier unissait ses efforts »

Cette conquête spatiale est aussi un prolongement de la Guerre froide à laquelle se livrent les États-Unis et l’URSS. En 1961, les Soviétiques avaient gagné la première manche en envoyant un homme dans l’espace, Youri Gagarine. Les USA avaient juré de prendre leur revanche en étant les premiers à conquérir la Lune. C’est fait ce 20 juillet 1969 avec Neil Armstrong. Mais voilà, cette concurrence interpelle pas mal de personnes interrogées par le journal.  Que de progrès ne réaliserait-on pas si le monde entier unissait ses efforts, et notamment les Américains et les Soviétiques ? Hélas ! Cela ne paraît guère possible , estime Françoise, 20 ans, étudiante en lettres à Caen (Calvados). Malheureusement, elle avait raison.