DES BRETONS AUX ANTILLES

DES BRETONS AUX ANTILLES
DES BRETONS AUX ANTILLES...

LES PHARES





Ah, les phares !
J'aime beaucoup celui de MEN RUZ à Ploumanac'h dans les Côtes d'Armor...
 
 
On les aime de plus en plus.
On ne les a jamais tant célébrés par d’innombrables livres et films, les 25 sites ouverts au public drainent 600 000 visiteurs avec en haut de la liste mes voisins « les baleines » sur l’île de Ré et « Chassiron » à Oléron. Pourtant les phares deviennent un casse tête. A partir de 1990 leur automatisation progressive va mettre un terme à un métier certes poétique mais difficile , voire dangereux. Mais avec la désertion humaine, la surveillance et l’entretien au quotidien se sont aussi arrêtés. Particulièrement soumis à l’humidité, aux vents violents et à la mer, beaucoup se dégradent.  Certes l’Etat garde à sa charge le fonctionnement des lumières guidant les navires… enfin pour le moment, car avec l’irruption des GPS et autres aides électroniques, la tentation est grande de réduire la voilure. Certains ont vu l’arrêt de leurs signaux sonores, (ça n’est pas trop grave)mais pire, leur portée réduite. Et la docte cour des compte nous explique que « leur rôle doit subsister, sauf exceptions, pendant au moins une dizaine d ‘années » et ce n’est pas de nature à nous rassurer. 10 ans c ‘est court ! et après ?
Pour comprendre l’ampleur du problème, il faut savoir que la France possède 150 phares, dont 27 situés en haute mer où la facture d ‘entretien est trois fois plus élevée qu’à terre et 8400 aides complémentaires à la navigation, bouées, petits phares et balises en tous genre.
Le Grenelle de la Mer  avait mis à l’ordre du jour la valorisation de ce patrimoine, oui, mais comment, et avec quel argent ? Le classement officiel par le Ministère de la Culture d ‘une trentaine d ‘entre eux n’a pas beaucoup fait avancer les choses si ce n’est de mettre une administration supplémentaire dans la boucle.  La délégation d’une soixantaine de sites au Conservatoire du Littoral non plus. Refiler le bébé sans l’eau du bain … comprenez la gestion des édifices sans l’argent qui va avec incite le Conservatoire à un « transfert  progressif » dit on pudiquement. Le fléchage de la taxe annuelle sur les navires de plaisance actée il y a quelques années était faite pour les missions globales du conservatoire et pas seulement pour l’entretien des phares. Elle a de plus été rabotée de 46 à 37 millions.
Associations et collectivités locales se sont donc émues un peu partout sur le territoire. Car à coté des phares eux mêmes, il y a souvent les habitations des anciens gardiens, charmantes maisonnettes avec vue imprenables sur la mer…En faire des lieux de rencontres, de culture, des résidences d ‘artistes, quelles bonnes idées ! Et pourquoi pas les louer aux touristes ? la Société Nationale pour le Patrimoine des Phares et Balises, la plus éminente des associations sur le sujet a calculé que cela pouvait rapporter au moins 1 million d’euros, net de l’entretien.  On pourrait même faire appel à des sponsors, entreprises locales ou riches particuliers ravis d’associer leurs noms à ces bâtiments chéris des français.  Oui mais voilà, l’Etat reste le propriétaire. Ce n’est pas son rôle , dit-il de faire de la location estivale. La sévère cour des comptes a également pointé du doigt que ces habitations étaient parfois mises gratuitement à la dispositions des adhérents des associations d’agent du ministère de l’environnement dont dépendent les phares et balises… bref il aurait urgence à clarifier la situation, à avoir un véritable état des lieux incluant l’état des constructions et à mettre en place un système qui permette de juger des propositions d’utilisation, d’identifier des porteurs de projets publics ou privés et de leur établir des délégations pouvant leur permettre de développer des stratégies culturelles et financières à long terme.
Car pendant ce temps-là, le vent et la mer font leur œuvre et rien ne leur résiste.
Ma chère Fabienne, si vous êtes une nostalgique des phares, je vous recommande le très joli ouvrage du regretté Jean Pierre Abraham : «  Ar men » chronique de sa vie de gardien du phare du même nom à la pointe de Bretagne .
Allez vivent les phares même à l’époque du GPS