DES BRETONS AUX ANTILLES

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DES BRETONS AUX ANTILLES...

LE VENT DANS LES SAULES


 Je pense à cette phrase d’Ernest Hemingway dans « Le vieil homme et la mer » : "Pourquoi les vieux se réveillent-ils si tôt ? Est-ce pour avoir un jour de plus ? "




Je me suis réveillé très tôt, ce matin.

4 heures, pleins phares. Toujours nuit à la fenêtre. Le jour recule, ça sent l’hiver malgré la canicule. 

C’est Jane B. qui m’a poussé du coude et fait ouvrir un œil puis les deux. 

« Découverte sans vie, à son domicile parisien. » 

Elle a du se sentir mal, s’effondrer sans avoir le temps de prévenir une de ses filles, un ou une amie. Elle avait dû, elle aussi, se lever tôt le matin, mais n’a pas eu droit à un jour de plus. 

J’aimais beaucoup cette femme. 

Je n’ai rien à dire de plus. 

Ma placette favorite sous les platanes, entre la fontaine et un buste de Nostradamus.

Un peu de mistral.

Un grand café, des tartines et du miel au romarin. 

« Vous voulez le journal ? », demande Célestin le serveur. 

Non, merci. J’ai mon livre. 

Célestin doit croire que c’est mon boulot de lire des bouquins. 

Compréhensif, il me fait un résumé de l’actualité, pour me faire gagner du temps, la dernière étape du Tour de France, Djoko battu en finale à Wimbledon et puis, « la femme de Gainsbourg ké morte ».

Je lis « Le Vent dans les saules », un classique de la littérature enfantine britannique. 

Les aventures picaresques du naïf Mr Taupe et du rusé Mr Rat d’Eau. Ça se passe au bord d’une rivière où Mr Crapaud, arriviste boursouflé, veut épater Mme Loutre qui ne pense qu’à faire la planche au fil de l’eau. 

C’est délicieux et ca va bien au delà d’une histoire pour enfants. C’est une fine analyse de la société anglaise et un conte écologique. 

Kenneth Grahame, l’auteur de ce livre, était un contemporain de Lewis Carroll qui lui a piqué l’idée du lapin toujours en retard, qui bouscule tout le monde sur son passage. 

Je réclamerai toujours un jour de plus, au moins pour finir le livre en cours de lecture. 

C’est pour cela que je tarde toujours à clore le dernier chapitre. 

" Découverte sans vie à son domicile parisien " . 

Une immense peine m’étreint.